Le travail de Bastien Cuénot s’inscrit dans une réflexion sur l’Anthropocène et sur l’hybridation croissante entre nature et technologie. Son œuvre explore les tensions entre organique et artificiel, entre vivant et industriel, entre héritages fossiles et projections numériques. À travers ses sculptures, installations et dispositifs visuels, il propose une archéologie sensible du présent, où chaque objet devient la trace paradoxale d’un monde en transformation.

Sa pratique puise dans les technologies contemporaines — impression 3D, écrans, smartphones, robots — non pas comme de simples outils, mais comme de véritables matières premières. Ces objets, détournés, recomposés et hybridés avec des matériaux naturels (bois, laine, pierre, minéraux), révèlent l’ambivalence de notre rapport au progrès : fascination et dépendance, mais aussi inquiétude et fragilité.

Cette démarche s’inscrit dans ce que l’artiste nomme extinctionnisme : une posture esthétique fondée sur la contemplation de la disparition progressive de l’humanité, à la fois physique et morale. Sans cynisme, mais avec lucidité, son art met en forme les signes d’un effondrement déjà à l’œuvre : celui des repères culturels, éthiques et symboliques, face à la vitesse fulgurante des innovations technologiques. Là où l’intelligence artificielle crée, évalue et décide, l’humain semble perdre sa centralité. L’art devient alors une zone de résistance douce, un espace où l’angoisse collective se transforme en vision poétique.

Refusant de s’enfermer dans un médium unique, Bastien Cuénot adopte une approche transdisciplinaire et polymorphe. Ses œuvres naissent d’une hybridation des matériaux — naturels, industriels et numériques — et circulent entre sculpture, installation, image, texte et dispositifs interactifs. Cette fluidité reflète la complexité des menaces existentielles qui traversent notre époque et donne forme à une esthétique de la tension : entre disparition et mémoire, destruction et création, effroi et émerveillement.

Dans cet entrelacs de matières et de symboles, l’art agit comme une catharsis : une tentative de rendre visible l’invisible, de matérialiser ce qui se perd, et de maintenir vivante la mémoire de ce qui s’efface.

Cartographie mentale et organisation des oeuvres

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